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Le rôle de la religion dans les élections présidentielles américaines et sur la vie civile aux Etats-Unis |
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ENTRETIEN du GYAN France avec Mark McNaught pour une série d’articles politiques pour le magazine « Panorama ».
Mark McNaught, d’origine de l’Université de Texas, a récemment soutenu sa thèse intitulée L’Orthodoxie politique américaine à l’Université Montesquieu Bordeaux IV.
Le rôle de la religion dans les élections présidentielles américaines et sur la vie civile aux Etats-Unis
1. Les élections américaines de 2004 – Quel est le rôle jouée par la religion dans le discours politique des candidats politiques et sur les positions prises par les partis politiques ?
Les deux candidats se sont servis de la religion, mais de manière différente. Il faut préciser qu’aux Etats-Unis, la plupart des électeurs attendent que les hommes politiques démontrent leur engagement à la religion, quelle que soit leur dénomination. Cela est censé démontrer que le candidat possède une « base morale » et qu’il est guidé par une force supérieure. Cela rassure les électeurs. La politique de John Kerry est plutôt laïque, comme le parti démocrate, mais celui-ci était toujours obligé d’exprimer sa foi devant l’électorat. Il parlait de sa foi catholique en termes de sa « pierre » qui est l’ancre sa moralité. En dehors de cette déclaration floue, il ne parle pas souvent de sa foi en public et il n’était pas à l’aise sur ce sujet. Il a eu des problèmes avec la hiérarchie catholique parce qu’il soutient le droit d’avortement, qui est contraire à la position du Vatican. Plus d’un évêque a déclaré que Kerry ne méritait pas de recevoir de la communion due à sa position sur cette question. Cependant, je ne crois pas que la religion est un facteur déterminant de sa politique, ni de celle du parti démocrate.
Par contre, la politique de George W. Bush et du parti républicain est de plus en plus influencée par le protestantisme évangélique. Pendant ces deux campagnes pour la présidence, et pendant son mandat, Bush a parlé ouvertement de sa foi. En 2000, il a déclaré que Jésus-Christ est son philosophe politique préféré, parce qu’il a « changé mon cœur ». Malgré le fait qu’il soit chrétien méthodiste, sa rhétorique envers la religion est véritablement œcuménique. Il fait très attention de ne pas faire des déclarations exclusives ou intolérantes envers d’autres religions. Il parle souvent du « Tout-Puissant » au lieu de « Dieu ». Il parle de la « culture de la vie » plutôt que « l’avortement ». Je crois qu’il possède un respect réel envers d’autres religions. Néanmoins, il est difficile de sonder ses croyances exactes sur la religion. Il n’est pas clair, par exemple, qu’il soit un véritable fondamentaliste, c’est-à-dire qu’il croit que la bible est littéralement vraie. En ce qui concerne sa politique et celle du parti, elle est devenue de plus en plus inspirée par le protestantisme évangélique. Les positions sur l’avortement, le mariage gay, l’enseignement de la théorie d’évolution, l’aide financière des services sociaux religieux et même la guerre en Irak sont fortement influencées par la religion. Plusieurs membres de son administration sont des évangélistes. Cependant, le soutien des chrétiens est à double tranchant. Maintenant, ils attendent une évolution sur ces questions, ce qui ne sera pas facile.
2. Les Influences de l’administration Bush – Quelles sont les influences intellectuelles du néo-conservatisme ? Quelles sont les croyances qui unifient l’administration Bush et qui définissent sa politique étrangère et interne ?
Le néo-conservatisme provient d’un petit cadre d’intellectuels, dont plusieurs ont maintenant atteint de hauts postes au sein de l’administration Bush. Selon leur logique, une tyrannie doit être combattue avant qu’elle devienne trop puissante. Les Etats-Unis en tant que seule superpuissance se doivent diriger le monde et se débarrasser des dictateurs. Les Américains ne devraient pas avoir honte d’utiliser la force militaire pour promouvoir la démocratie et d’autres idéaux. Plusieurs sont des juifs, qui voient l’holocauste comme le résultat de l’indifférence en réponse à des menaces croissantes. Ils soutiennent inébranlablement Israël et la politique d’Ariel Sharon. Par rapport aux conservateurs « sociaux » ou « économiques », les néoconservateurs ne se concernent pas trop de la politique interne, bien qu’il existe un soutien intellectuel mutuel entre ces factions du parti républicain. Les néo conservateurs sont préoccupés par le rôle puissant que l’Amérique devrait jouer pour promouvoir ses intérêts sur la scène internationale.
En ce qui concerne l’administration Bush, elle est guidée par plusieurs « conservatismes » selon le domaine. Chacun a ses propres défenseurs qui ne sont pas forcément homogènes dans leurs croyances. Si nous voulons déterminer les croyances fédératrices de l’administration Bush, il faut regarder plusieurs courants d’idées actuellement à la mode. La politique étrangère est musclée. La politique interne sociale est largement influencée par le protestantisme évangélique et leur définition étroite de la moralité. La politique économique est ancrée dans le courant libéral « supply side » et la conviction que les réductions d’impôts pourraient guérir toutes les maladies économiques. Bien qu’il soit difficile de résumer brièvement la gamme de ces convictions, ces sont des éléments fondamentaux de la mentalité de l’administration Bush.
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