by Sarah TOUMI
Published on: Jan 22, 2006
Topic:
Type: Short Stories

Cette histoire se déroule en Tunisie, pays du Maghreb, jeune et dynamique, accueillant et coloré. Dans le petit village de Bir Salah, situé à 10km de la ville de El Jem et 8km de El Hencha dans le gouvernorat de Sfax au centre de la Tunisie, vivent des agriculteurs tunisiens. Jusque là vous me direz, rien d'exceptionnel dans une région agricole où la majorité des personnes vivent de la culture des oliviers et des amandes. C'est une région sublime : oliviers à perte de vue, le soleil, l'espace, bref un bon sujet pour n'importe quel photographe paysagiste recherchant la paix et la nature. Maintenant que le cadre est posé, intéressons-nous aux personnes.

Dans ce petit village de Bir Salah habitent en grande majorité des agriculteurs. Ces personnes ont des enfants, normal dans un pays où la population est jeune, comme dans la plupart des pays africains. Ces enfants, garçons et filles, vivent auprès de leurs parents, avec pour terrain de jeux les champs d'oliviers et les champs... d'amandes et... c'est déjà mieux que mon appartement à Paris. Ils ont pour s'amuser des ballons (parfois) et... de l'espace pour courir et quand ils s'ennuient (et même quand ils ne s'ennuient pas) ils aident leurs parents à cultiver les champs. Pendant les périodes scolaires, ils vont à l'école, présente dans le village depuis les années 60. Dans cette vieille école, ils apprennent tant bien que mal les rudiments du calcul et de l'écriture, le français et parfois l'anglais quand l'école trouve un professeur pour enseigner... Leurs parents se désintéresse pour la plupart des études de leurs enfants, c'est à peine s’ils peuvent dire en quelle classe est leur enfant... Alors, comment voulez-vous que ces enfants trouvent de l'espoir pour se dire : "Je deviendrais quelqu'un", dans une société où personne n'est là pour les pousser à avancer. La plupart de ces enfants abandonnent ainsi très jeunes : "ça sert à rien l'école". Ils arrêtent au college, voir avant.

Un jour, deux filles du pays rentrent chez leurs grands-parents pour les vacances, à l'occasion du mariage de leur tante. Ces filles sont franco-tunisiennes : de mère bretonne et de père tunisien, issu de Bir Salah. Elles arrivent pour la premiere fois de leurs vie à Bir Salah avec leur façon de penser, leur façon de vivre : quand elles sont en France, elles passent leurs temps dans les bibliothèques de la ville de Paris et devant l'ordinateur ou bien dans des parcs pour jouer, quand elles ne vont pas à l'école où elles travaillent assiduement.

Quelles peuvent être leurs réactions sinon l'étonnement et le désarroi de voir leurs cousins dans une telle situation...

C'est ainsi que leurs parents décident de faire quelque chose : monter une association en France pour aider ces enfants : l'ACPE, Association Coopération Prévention Eau Pour Tous.

Dix ans plus tard, en 2006, ouvre la plus grande bibliothèque francophone de la région. Les enfants les plus jeunes veulent avoir leur Bac puis devenir médecins, avocats, professeurs... et ne pensent qu'à une chose : aller à la bibliothèque pour lire et utiliser les ordinateurs, être les meilleurs à l'école et "devenir quelqu'un".

C'est une histoire simple, une histoire qui se déroule tous les jours dans le monde entier. L'histoire de jeunes qui ont voulu faire changer les choses dans leur village, des jeunes du Nord qui ont voulu aider leurs amis du sud, aider par des adultes prêts à les épauler.
Une histoire banale, du moins cela devrait être ainsi...


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