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by Desire--clitandre dzonteu | |
Published on: Jul 18, 2005 | |
Topic: | |
Type: Short Stories | |
https://www.tigweb.org/express/panorama/article.html?ContentID=5911 | |
Pâle jour que ce dimanche du mois de juillet ! Je revenais dans mon Cameroun natal après cinq longues et pénibles années d’exil économique. Le vol numéro cinq de la Camair venait de fouler la terre du pays. J’étais bien dans ses entrailles et je pensais avec envie et bonheur de revoir les miens abandonnés depuis à la gloire de Dieu. A peine les portes de l’engin ouvertes, je fonçais comme une furie et fus le premier à caresser le sol goudronné que je baisais avec un petit instant de re conformation. Je regardais et vis combien en si peu d’années, cet édifice n’avait subi de toilette. Que c’était dommage ! Je cessais immédiatement de penser à ces infrastructures du pays qui tombaient en miettes. J’avais un mois pour vivre et redécouvrir ce moi qui commençait à s’effriter : mon pauvre univers, ma vie de toujours qui s’émiettait et se perdait la-bas maintenant. Je devais partir, partir à la campagne, mon petit village perdu dans la verdure ondoyante des arbres. Petit village de l’ouest, broussaille dans les grasfields, il fallait parcourir environ six cent kilomètres pour s’y rendre. Je pris un car dans lequel dix-neuf personnes, se tassaient les uns collés aux autres comme des sardines dans une boîte. Nous roulâmes dans cette condition misérable et rude. Je devais me ré adapter aux choses du pays. L’ouest-Cameroun, bastion des montagnes et des collines. Nous montâmes vers les cimes des rochers où le climat froid me rappelait mon autre univers d’existence. Perdus dans les mille collines et plateaux de cette région tropicale, nous perçûmes un commissariat devant lequel un mat géant de beaucoup de pieds laissait flotter un drapeau. Nous passâmes sans que le gros commissaire barbu, qui assurait seul la relève s’en aperçoive. Il ronflait comme dix soûlards et oubliait d’exercer le métier pour lequel il devait justifier la réception des ses pauvres francs cfa mensuels. Le chauffeur s’arrêta tout de même pour honorer à sa caution de prend-et-laisse-moi-tranquille. C’était la tradition et il fallait obligatoirement être de la partie. A part les collines qui étaient les œuvres de la nature, apparaissaient maintenant les merveilles, inventions des habitants de ces villages des hautes plateaux. C’étaient des maisons en briques de terre cuite, aux toits de paille méticuleusement disposés. Chaque concession était entourée de chiendents bien harmonisés pour parer aux intrusions intempestives des bandits. En ces lieux, rares étaient les moments où jaillissait le bleu du ciel. Les nuages étaient maîtres de l’horizon et là, ils semblaient courir plus vite que d’habitude vers les contrées lointaines pour occasionner des déluges. J’arrivai ce soir au village tout collant de sueur. Tout le monde était en effervescence. J’avais le pressentiment d’être arrivé à un moment crucial. Mais je ne comprenais pas. Je vis les préparatifs et tout était clair. Je devais sans ambages assister, après cinq longues années d’exil, à ma première nuit sacrée. La nuit du bwiti... « return. |